La chronique judiciaire

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Ahmed Rouissi, le cerveau des groupes terroristes

Après avoir publié un article détaillé sur les derniers développements à propos du procès relatif à l’assassinat du martyr Chokri Belaïd, nous revenons à cette affaire pour donner un aperçu concernant le terroriste Ahmed Rouissi, considéré, comme le cerveau et l‘architecte de la plupart des attentats terroristes perpétrés en Tunisie après 2012.

Ahmed Rouissi, surnommé Abou Zakaria, considéré également comme la « boîte noire » des groupes terroristes en Tunisie, est né le 13 octobre 1967, et résidait à Sidi Bouzid, tout en exerçant le « métier de voyant et charlatan ».

Après avoir servi dans les rangs des milieux marxistes au milieu des années 80 du siècle dernier, avant de rallier, à partir de 2012/2013, les mouvements islamistes, plus précisément celui d’Ansar Echariaâ où il a occupé plusieurs postes de responsabilité, voire de commandement.

Ce qui lui avait valu une dizaine d’avis de recherche pour appartenance à un groupe terroriste, meurtre avec préméditation, trafic d’armes, accointances avec des services de renseignements étrangers.

Mais parvenant à échapper aux forces de l’ordre, il est parti s’installer à Sabrata, en Libye. Depuis, des rumeurs ont circulé autour de sa dissidence du groupe d’Ansar Echariaâ à la suite d’un différend avec Abou Iyadh. Objet de la discorde, perpétrer une attaque terroriste contre un hôtel à Sousse et une autre dans le mausolée où est enterré feu Habib Bourguiba.

Il aurait même avoué être derrière l’assassinat de l’officier de la GN Socrate Cherni, et avoir participé à l’attentat contre six agents de la Garde nationale à Sidi Ali Ben Aoun à Sidi Bouzid ainsi qu’à l’assassinat des deux opposants politiques Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

Connu, également, pour son implication dans le trafic de drogue, après avoir formé un gang de narcotrafiquants, il est parvenu à s’enfuir de la prison, après la révolution et se cacher derrière plusieurs identités dont celles de « Ahmed Rouissi », « Ahmed Jebali » , « Ahmed Ben Mohamed », « Mohamed Ben Amor Rouissi », alors qu’en réalité, il s’appelle Ahmed Ben Mohamed Rouissi.

En outre, selon les éléments du dossier, on apprend qu’il a supervisé un camp d’entraînement et de formation à Derna, en Libye, où des dizaines de Tunisiens ont pris part à des entraînements entre les années 2012 et 2014.

L’affaire du député et martyr Brahmi reportée au 5 février

La 5e Chambre criminelle des affaires de terrorisme près le Pôle judiciaire à Tunis a statué, vendredi 26 janvier 2024, sur l’affaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi.

Les prévenus à avoir répondu présent à l’appel sont : Riadh Ouertani, Karim Klaï, Abderraouf Talbi (étudiant en médecine), alors que d’autres accusés ont refusé de comparaître devant la Cour. Il s’agit d’Ahmed El Melki, surnommé le Somalien, Mohamed El Aouadi et l’agent de police Ezzeddine Abdellaoui.

La Cour a précisé, par ailleurs, que le dossier n° 50916 des accusés Ameur Belaâzi et de Mustapha Khedher a été déféré au Parquet.

Pour leur part, deux avocates de la défense, au nom des héritiers du martyr et du mouvement du Courant populaire, étaient présentes pour demander le report du procès en vue de présenter leurs requêtes, en réclamant l’exécution des jugements préliminaires.

Quant aux avocats, ils ont pris la parole pour s’opposer au report de l’audience. Et si c’est le cas, ils ont requis que ce soit le dernier report, tout en demandant de fixer une date de la prochaine audience qui devrait être consacrée aux interrogatoires et aux plaidoiries.

Après concertation, la Cour a décidé, en effet, le report au 5 février prochain de la prochaine audience.

Le député et martyr Mohamed Brahmi avait été assassiné un certain 25 juillet 2013, par 14 balles devant son domicile, tirées par les deux terroristes Abou Bakr Al Hakim et Lotfi Ezzine El Mahlane, en état de fuite.

Toutefois, l’affaire est devant la Chambre criminelle depuis plusieurs années suite aux requêtes des avocats de la défense qui réclamaient, d’abord, l’exécution des jugements préliminaires, alors que les avocats des accusés refusaient les reports de l’affaire, considérés comme « contraires aux conditions d’un procès juste… », sachant que les premières audiences ont eu lieu en janvier 2017 alors que la dernière audience s’est déroulée en octobre 2023.

A noter que le comité de défense du martyr Mohamed Brahmi a critiqué, lors d’une audience tenue en mai dernier, la non-exécution des jugements préliminaires, dont notamment la non-présentation par le ministère de l’Intérieur du document envoyé par les services de renseignements américains pour alerter les autorités tunisiennes sur un éventuel attentat contre Mohamed Brahmi.

La défense du martyr avait présenté un ensemble de requêtes dont un inventaire détaillé des communications téléphoniques des mis en cause dont Seifallah Ben Hassine (Abou Iyadh) et Kamel Gadhgadhi, en plus des P.-V. relatifs aux descentes effectuées sur les lieux où était censé se cacher Abou Iyadh et sa spectaculaire fuite de la mosquée d’El Fath au centre de Tunis.

Moufida Chargui
Traduit par Noureddine HLAOUI

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